Votre orthographe

  • Quelques notions, utiles et fondamentales

Un mot qui n’est dans aucun dictionnaire ? Néologisme ? Invention ?

Comment faire comprendre que l’orthographe doit d’abord obéir au SENS ? Une tentative, un dialogue...

Dialogue :

Bonjour, Je souhaiterais savoir comment bien orthographier : Animatrice d’atelier culinaire ou Animatrice d’ateliers culinaires Merci d'avance

Réponse d’Orthonet : « Cette animatrice anime-t-elle UN de ces ateliers, ou PLUSIEURS ? – Veuillez nous faire connaitre la réponse, sans laquelle nous ne saurions vous dire comment « bien orthographier ». (...pas de réponse !).

L’orthographe du français est double : il y a une orthographe des MOTS (« lexicale »), et une orthographe des PHRASES (« syntaxique »), à ne pas confondre.

Elle est compliquée, (moins qu’on ne le pense), impérieuse, et souvent illogique.

Elle n’a pas été construite en un jour. C’est un héritage de plusieurs siècles. Elle obéit à des décisions prises à des époques différentes, et avec des motivations variées. Elle est déterminée tantôt par la prononciation (variable suivant les époques, les régions et les milieux), souvent par l’étymologie (surtout latine), parfois par une cohérence interne (familles de mots), et, à notre époque, par les relations avec les autres langues de civilisation.

L’Académie française, chargée par le Cardinal de Richelieu de mettre de l’ordre dans la langue, a servi d’arbitre pour donner à chaque mot une orthographe, donc pour fixer une norme en la matière. Ses premières décisions, fondées en grande partie sur des traditions déjà élaborées par les imprimeurs du siècle précédent, ont été en général vite adoptées par les écrivains, et respectées par l'imprimerie.

De la première édition (1694) à la sixième (1835), son Dictionnaire tente d’améliorer la norme orthographique. L’emploi des accents est régularisé et enrichi, un mot sur trois est rectifié, de nombreuses irrégularités disparaissent. Ainsi la 3e édition (1740) supprime des lettres parasites comme le Ç de sçavoir ; la 6e (1835) remplace la monnoie par la monnaie, il savoit, par il savait, et les enfans prudens y sont devenus des enfants prudents.

Il y a deux orthographes, celle des mots et celles des phrases. La norme orthographique est double, et il est nécessaire de distinguer ses deux faces.

a) L’orthographe lexicale

L’orthographe lexicale concerne les mots pris individuellement.

À chaque mot que nous prononçons ou entendons, nous associons une image visuelle, graphique, alphabétique, qui repose sur nos études, sur nos souvenirs de lecture… ou sur la consultation d’un dictionnaire ; c’est l’orthographe actuelle du mot dans sa forme de base. Mais elle comprend aussi ses autres formes : le pluriel des noms, le pluriel et le féminin des adjectifs, la conjugaison des verbes, soit par renvoi à une conjugaison-type, soit par un tableau des formes.

L’orthographe lexicale n’obéit pas à des règles.

Elle applique des USAGES plus ou moins cohérents, et des CHOIX adoptés par l’Académie française pour les éditions successives de son Dictionnaire, ou par les auteurs d’autres dictionnaires.

Exemple : la plupart des noms forment leur pluriel par addition d’un –s final à la forme de base, qui est celle du singulier ; cela peut passer pour une « règle », mais il faut alors énumérer les « exceptions » ; nous y voyons plutôt une sorte d’inventaire des exceptions, dont le cas le plus connu (et un des plus absurdes) est la série des sept (?) pluriels en –oux (du bijou au pou) ; il s’agit là d’une convention purement graphique, adoptée au 17e siècle, parfaitement arbitraire, mais qui a résisté à toutes les tentatives de normalisation. Au contraire, dans le cas des noms en –al ou en -ail, la « règle » et ses « exceptions » sont dictées par les formes orales (chevaux, mais chacals ; travaux, mais éventails), qui sont prioritaires, qui dictent l’orthographe, et qui échappent à toute intention de réforme.

Orthographe et prononciation

Si notre orthographe lexicale obéit à une norme, la prononciation des mots est dictée par des usages, parfois régionaux, qui évoluent et que nos dictionnaires (sauf le Dict. de l’Académie Fr.) commencent seulement à mentionner. C’est ainsi que dans les noms communs en -ion (action, émancipation...), cette finale qui, au 17e siècle avait deux syllabes [i-on]), n’en a plus qu’une [jon].

b) L’orthographe syntaxique

L’orthographe syntaxique concerne la place et la forme des mots dans une phrase.

 Ces choix sont soumis au rôle du mot dans la phrase et à ses relations avec les autres parties de la phrase. C’est le cas, par exemple, pour les accords.

On confond souvent les choix dictés par la syntaxe avec les choix dictés par le sens.

Ainsi, quand on hésite entre singulier et pluriel dans : « Nos projets de voyage(s) », le scripteur doit décider du sens : ces projets concernent-ils UN voyage, ou DES voyages ?

Il ne s’agit pas de syntaxe, ni d’accord ! mais de SENS.

L’orthographe syntaxique comporte de nombreuses règles, fondées sur des analyses logiques ; ce sont souvent des grammairiens qui, interrogés sur les choix à faire parmi des usages assez désordonnés, ont donné leur arbitrage, en fondant une norme soit sur un usage majoritaire chez les bons auteurs, soit sur une certaine logique. Cette norme s’est enrichie de cas particuliers, d’exceptions, de tolérances dont l’énumération remplit de longs chapitres des bonnes grammaires, mais qui résistent aux efforts de mémoire de l’usager.

La question des « accords » est présente partout dans Orthonet : la MESSAGERIE et les CORRECTIONS en font leur quotidien ; le LEXIQUE signale leurs principales difficultés ; les JEUX vous invitent à vérifier l’état de vos connaissances et à déjouer les pièges de la norme ; nos INFORMATIONS et nos LECTURES vous aident à vous y orienter ; elles vous mettent sur la voie de raisonnements simples et efficaces, et font appel au sens… et au bon sens, souvent plus secourables que les savantes analyses et les règles à tiroirs… Les LECTURES visent à affermir vos connaissances par l’exposé d’exemples concrets.

Les remarques et suggestions sont accueillies avec intérêt.

Conjugaisons

C’est de l’orthographe LEXICALE. (Chacun peut hésiter un jour sur ‘vous acquérez, acquerrez, acquériez, acquerriez...’).

Dialogues :

 « Pour se faire, je dois le retrouver. » Comment écrit-on le « se » ? « ce » ou « se »?.

Et le SENS ?

« se » est un pronom réfléchi (= « soi »)

« ce » est un pronom démonstratif (= « cela »).

Si vous ne faites pas la différence, n’employez pas cette locution. On n’emploie pas les expressions dont on ignore le SENS.

Bonjour, Je lis dans « Le Robert et Nathan » (conjugaisons, page 29) : après que est suivi de l'indicatif. Il n’y a pas d'exemples. Pourtant j’ai l’habitude de dire : « après que tu sois parti, je me mettrai au travail » - « il a pleuré après que sa maman soit partie ». Où est la faute ?

« après que » est suivi de l'indicatif - Vos phrases sont des fautes ! Ouvrez votre dictionnaire, sous « après ».

Pourquoi certains dictionnaires me confirment que le mot réglementaire s’écrit avec un accent aigu alors que votre dictionnaire en ligne indique un accent grave au même mot ?

Ces dictionnaires retardent ! Et vous êtes mal informé.

« réglementaire » est l’orthographe traditionnelle (1835),

« règlementaire » est l’orthographe rectifiée (1990), conforme à la prononciation (è ouvert) et à la règle générale de l'accentuation.

Orthographe et prononciation

On recense de nombreuses questions, utiles, sur la PRONONCIATION des mots, et ses rapports avec leur GRAPHIE. L’orthographe lexicale n’obéit pas à des RÈGLES, mais à l’histoire des mots.

Dialogues :

« Je cherche à savoir pourquoi asymétrique s’écrit avec un seul S.

Pourquoi écrit-on ressaisir avec 2 s, et vraisemblable avec un seul ? - Selon quelle règle ?

Pourquoi le mot vraisemblable ne prend-il pas 2 s ? »

Ces cas reviennent souvent dans notre messagerie ; le cas de vraisemblable est le plus connu ; on peut le compléter par ses dérivés (jusqu’à invraisemblablement).

Ce composé a été longtemps écrit en deux mots : vray-semblable ; quand l’Académie l’a soudé (1762), elle a laissé à ses deux éléments leur graphie d’origine.

Les vocabulaires savants ont multiplié les S restés sourds bien qu’encadrés par deux voyelles : asymétrique, antiseptique, cosécante, cosinus, monosyllabe, polysémie, psychosomatique, etc. ; des emprunts comme parasol, très tôt, les rejoignaient. Avec la soudure, préférée au trait d’union, avec la banalisation des formants, les nouveaux composés multiplient les exemples : microséismes, aérosols, microsillons, télésièges. Il devient banal, quand les deux parties du composé conservent leur sens, de ne pas doubler la consonne S.

Pourquoi le mot carrousel ne prend-il qu’un seul S mais se prononce comme s’il en avait deux ?

Erreur ! L’S de ce nom doit se prononcer comme un Z (S sonore) ; tous les dictionnaires le confirment. Il y a une tendance (influence du mot « carrosse ?) à le prononcer avec S sourd – mais ce n’est pas la norme.

Pourquoi ne prononce-t-on pas le son -y dans le mot ville comme dans famille ou chenille...?

On peut inverser la question : pourquoi écrit-on le mot « ville » avec deux L, puisqu’il ne se prononce pas comme « famille, chenille », etc. ?

Réponse : en ancien frs, on a d’abord orthographié ce nom comme il se prononçait déjà : « vile ». Plus tard, à l’époque de la Renaissance (moyen frs), on a introduit l’orthographe étymologique (latin « villa ») ; choisie peut-être aussi pour éviter l’homographie avec l’adjectif féminin « vile ».

Une entreprise telle que la votre (ou) telle que la vôtre ? merci beaucoup de votre aide

Ce sont deux mots différents, par leur orthographe et par leur prononciation. Ouvrez votre dictionnaire !

« la nôtre » s’écrit avec un accent circonflexe ou pas ?