L’H initial, L’Hiatus, les 2 T

L’H initial, L’Hiatus, Les deux T : -t- ? ou –t’- ?

L’H initial : muet ou aspiré ?

H aspiré

Des mots venus pour la plupart des langues germaniques : handicap, heaume, hisser, home, hussard, etc., ont un H dit « aspiré », qui ne se prononce plus, mais empêche la liaison et l’élision : les/hussards, des/hors-d’œuvre, le home, etc. ; [pour handicap(é), il y a une forte tendance à faire parfois l’élision, souvent la liaison ; malgré sa fréquence dans l’usage oral, cette liaison reste incorrecte ; on évitera de parler des « z’andicapés »].

Note : le terme traditionnel d’aspiré étant impropre, certains proposent de le remplacer par : « H barrière ».

 H muet

Dans les mots venus du grec ou du latin : harmonie, hélice, histoire, homonyme, hypothèse, habile, hésiter, hiver, homme, humble, etc., l’H initial est « muet », c’est-à-dire qu’il n’empêche ni l’élision (l’hélice, j’hésite) ni la liaison (leS histoires, ils sonT habiles, etc.) C’est donc une consonne purement graphique, simple rappel étymologique.

À l’époque où l’écriture ne distinguait pas les lettres U et V, un H purement graphique devant cette lettre ambigüe a été ajouté dans des mots comme uile, uit, uis, devenus huile, huit, huis, etc., pour qu’ils ne se confondent pas avec vile, vit, vis. Cet h est muet.

Dans huit, huitième, l’H n’est pas étymologique. C’est un artifice graphique pour exclure la liaison et l’élision, qui ne se font pas devant les numéraux (cf. « le onze, les/onzièmes »).

Des mots d’origine latine ont pu subir l’influence de mots germaniques et recevoir un H « aspiré » : haut, hauteur, hérisson, hors, hurler. Le masculin héros bien que d’origine grecque, a un H aspiré (peut-être sous l’influence du germanique héraut), alors que l’héroïne reste fidèle à ses origines.

Dialogues

On m’a dit qu’il est maintenant admis de faire la liaison dans « les-haricots ». Pouvez-vous me le confirmer ?

Admis ? Par qui ? NON ! C’est une blague, un bobard, du bavardage sans fondement ! Quelle est l’autorité qui aurait pris cette décision ? D’ailleurs, si on admettait la liaison, il faudrait aussi recommander l’élision : dites-vous : « l’haricot » ?

Bonjour, Je souhaiterais savoir s’il convient de dire de quelqu’un : « il ne faut pas le honnir » ou « il ne faut pas l’honnir » ? Bien cordialement

Vous savez maintenant qu’il y a un H muet et un H aspiré... etc. celui des « Z- habitudes », qui est muet - et celui des « Haricots », qui est aspiré. - Et que les dictionnaires, même le vôtre, vous disent si celui du verbe « honnir » est muet ou aspiré.

L’hiatus

L’hiatus (en latin : « baillement ») est la rencontre de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes. Il peut se produire à l’intérieur du mot. Ainsi dans aérien, les deux voyelles initiales forment un hiatus. Mais ce n’est pas le cas dans le groupe -ien, qui ne forme qu’une syllabe, la voyelle i étant devenue semi-consonne dans la prononciation du français moderne ; on notera qu’en poésie, et jusqu’au 19e siècle, le suffixe était resté dissyllabique, et que cet adjectif y comptait pour quatre syllabes :

...Du vide où ne flottait nul souffle aérien (V. Hugo)

On parle surtout de l’hiatus quand il résulte de la rencontre de mots successifs, comme dans les groupes « j’ai été, il a eu ». En poésie, considéré comme peu harmonieux, l’hiatus fut d’abord évité. Ronsard le déconseille, sans s’en abstenir ; Malherbe puis Boileau le proscrivent ; et jusqu’à la fin du 19e siècle, cette exclusion est très généralement respectée.

On notera cependant qu’une élision d’un -e à la fin du premier mot rend l’hiatus licite : « irritée et sauvage » - de même une consonne, même muette, suffit pour que la rencontre de voyelles ne soit pas traitée comme hiatus. Sauf pourtant le –t final de la conjonction et.

La versification française, trois siècles durant, s’est interdit d’écrire « et il(s), et elle(s), et on, et un(e) », etc.

Les deux T

Pour éviter un hiatus, un T, entre deux traits d’union : -t-, s’intercale entre une forme verbale qui finit par une voyelle, et un pronom qui commence par une voyelle : il, elle ou on.

« Y a-t-il… ? Existe-t-il ? Parle-t-elle le français ? Où va-t-on ? »

Mais... : Après une forme verbale terminée par T ou D, pas de -t- : « prend-il ? répond-elle sait-on ? » etc.

Ne pas le confondre... avec un T suivi d’une apostrophe, forme élidée du pronom te : « on t’a compris » (au pluriel : « on vous a compris ») – « je t’attends » (« je vous attends »).

Ce « t’ » ne sert que dans un tutoiement ;  il ne peut donc être suivi de « il, elle, on ».

Ne pas confondre « va-t-il, va-t-elle, va-t-on » avec : « va-t’en » (au pluriel : « allez-vous-en »).

N’écrivez jamais t’il, t’elle, t’on !