Singulier et pluriel des noms

En français, les NOMS (ou « substantifs ») ont un GENRE : masculin ou féminin. C’est un fait de langue, ou plus exactement de lexique. Ainsi, le potage, le dessert, le couteau sont des noms masculins ; la viande, l’assiette, la couleur sont des noms féminins ; dans votre dictionnaire, leur forme est suivie de l’indication du genre : n.m. pour les masculins, n.f. pour les féminins ; la mention n. signifie que le nom peut s’employer avec l’un ou l’autre des deux genres : « artiste n., » signifie que « un artiste » et « une artiste » sont également usuels et corrects ; id. pour « élève n. »

A. Un genre marqué ?

Toute collectivité humaine, considérée globalement, sans distinction de sexe ou d’âge, est nommée par un nom masculin ou féminin, singulier ou pluriel : « les habitants de X, les voyageurs (d'un train), les élèves du lycée », etc.

Dans ce cas, le genre du nom est pris dans un sens « non marqué », ou « extensif », l’autre genre étant alors considéré comme « marqué » ; convention terminologique qui, en France, a été parfois exploitée (non sans erreurs), dans les polémiques sur la féminisation.

B. Êtres humains

a) Relations de parenté.

Les termes les plus courants : parents, enfants, père, mère, frère, sœur… sont des héritages d’époques lointaines ; leur usage, dans la langue actuelle, mélange souvent un sens strict : « les enfants de ma sœur » (sans limite d’âge) avec des emplois limitant l’âge, mais sans filiation (« les enfants du quartier »). Les dictionnaires modernes sont attentifs à ces faits de polysémie et aux contextes discriminants. Un « arbre généalogique » renseigne, par sa simple géométrie, sur les relations familiales reconnues par l’état civil, alors que le vocabulaire est souvent déficient ou incertain. Ainsi on y voit immédiatement que Pierre et Jeanne sont époux, alors que le vocabulaire flotte entre mari et femme, époux, couple, ménage… ; l’image généalogique montre, sans paroles, que Marcel est leur fils, Pauline et sa sœur leurs filles ; «leurs enfants » est du langage usuel, mais imprécis ; quant à la réunion de ce frère et de ses sœurs, elle n’a d’autre nom que fratrie, mot récent et peu usuel ; pas de mot non plus pour réunir oncles et tantes, époux ou non : éloquence du schéma supranational (« supra-idiomatique », précise le linguiste !).

Quand le vocabulaire héréditaire et usuel fournit un féminin dérivé du masculin, comme (épouse, cousine…), ce féminin est le « genre marqué » ; le pluriel du masculin : (les époux – nos cousins) inclut le féminin ; mais frère, oncle ne sont pas « extensifs ».

Grammaire élémentaire : Le genre

Le NOM (ou : substantif) a un genre : il est masculin : « un buffet – un succès » ou féminin : « une armoire – une victoire ».

Pour les humains et les animaux les plus connus, le genre peut correspondre au sexe : « (mon) frère – (ma) sœur ». – « (un) cheval, un coq – une jument, une poule ».

Pour de nombreux animaux, un seul genre est en usage : « un vautour, un éléphant, un moustique – une girafe, une autruche, une guêpe ».

Certaines fonctions humaines, occasionnelles ou professionnelles, peuvent être nommées par un nom dont le genre est indépendant du sexe du sujet : une femme peut être « le témoin » d’un accident – elle peut être « le chef » d’un service… – un homme peut être « la victime » d’une calomnie… Les noms sont nés masculins ou féminins, comme les humains et les animaux sont nés mâles ou femelles.

Le genre du nom est un fait de langue. Il nous est imposé par l’usage.

(on ne peut pas dire, pour le mâle : un autruche, ni pour une femelle : une vautour).

Certains noms (humains) peuvent avoir les deux genres et s’appliquer aux deux sexes : « un élève, une élève – un chimiste, une chimiste ».

REMARQUE 1. Il existe quelques noms qui n’ont qu’un genre, mais qui peuvent s’appliquer aux humains des deux sexes. Le masculin : témoin ; une femme peut être « le témoin » d’un accident ; le féminin : sentinelle ; La sentinelle est généralement un homme ; « plusieurs sentinelles (des vieux soldats) étaient postées devant le palais ».

REMARQUE 2. Le masculin est le « genre non marqué » : il peut s’appliquer à un ensemble d’humains (ou de certains animaux) des deux sexes : « les anciens élèves – les habitants de la ville – les chimistes – les étrangers – les voyageurs – nos meilleurs amis – les voisins – les résidents de l’immeuble – etc. ». – Animaux : « une dizaine de chevaux (dont deux juments ?) – un groupe d’autruches « – [mais personne ne dirait : « des poules, dont deux coqs »].

Grammaire élémentaire : Le nombre

Le nom (ou substantif) a un singulier et un pluriel, et quand on l’emploie, il faut le mettre au singulier ou au pluriel.

a) C’est un fait de discours, un choix qui s’impose à celui qui parle ou qui écrit.

b) Ce choix n’obéit pas à des « règles » de grammaire (le nom ne s’« accorde » pas). Il ne dépend que du SENS, donc d’un choix de celui qui parle ou qui écrit.

FORME. Les noms terminés par -s, x ou -z (corps, voix, nez) sont invariables. Quelques noms en -eu ou en –ou ont une désinence en –x : « des bijoux, des poux, des cheveux ». Quelques noms ont une terminaison propre au pluriel : « cheval, chevaux – travail, travaux – œil, yeux » etc.

Tous les autres ont au pluriel une désinence –s : « mères, sœurs : buffets, coqs, juments, trous, pneus, bals, éventails », etc.

REMARQUE. À l’oral, la désinence –s du pluriel est souvent muette. Mais le choix du nombre s’exprime surtout par les « déterminants » : le buffet, une armoire, ce meuble… les meubles, des armoires, ces buffets.

Quand le nom n’est pas précédé d’un déterminant (p.ex. dans : « j’écris sans faute(s) », ou : « ils n’ont pas d’enfant(s) », l’auditeur ne sait pas toujours s’il s’agit d’un singulier ou d’un pluriel – et souvent le locuteur ne le sait pas non plus… Mais à l’écrit, il FAUT CHOISIR : singulier ou pluriel ! Obligatoire !

Hésitations sur le nombre d’un nom

 Accord : prise en main ou prise en mains ?

Lorsque j’écris : ce type de structure, structure doit-il être au singulier ou au pluriel ?

Prises de décision ou prises de décisions ?

Des questions simples, parmi les centaines adressées à Orthonet :

Un bulletin d’information ? ou : d’informations ? - Des films de guerre(s) ? – Des caisses de bière(s) ? - Pluriel de : porte de sortie ? –

Et souvent : Quelle est la règle ? Y a-t-il une règle ?

Réponse d’Orthonet : NON ! Il n’y a pas de « règle », il n’y a là aucune contrainte grammaticale !

De l’information ou des informations ? Ce sont des réalités distinctes.

– la guerre en général ou : des guerres ?

– De la bière, ou plusieurs sortes de bières ?

– Une ou plusieurs sorties ?

Autant de situations – et donc de sens distincts

Singulier ou pluriel d’un nom : pour chaque nom, même s’il est complément d’un autre nom, c’est toujours un CHOIX DE SENS, et rien d’autre !

Quand hésitez-vous sur le pluriel d’un nom ? Noms collectifs ? Nombres fractionnaires ?

  • Expressions négatives

On m’a dit qu’il faut écrire : sans faute, et non : sans fautes ! Dans une expression négative, il faut le singulier. Est-ce vrai ?

Non ! C’est une légende ! On peut nier une pluralité aussi bien qu’une unité.

« Un vêtement sans ceinture, sans poches et sans manches »

« Je n'ai acheté ni lait, ni légumes ».

Là aussi, le nombre d’un nom est un CHOIX DE SENS. On sous-entend qu’un vêtement n’a qu’UNE ceinture, mais DES poches et DEUX manches – ...qu’on achète DU lait et DES légumes.

Et il faut choisir ! « Il n’a pas fait d'erreurs) » (?) – Vous devez sous-entendre qu’il aurait pu faire... une erreur ? ou des erreurs ?

La langue écrite exige souvent des choix que l’oral ignore.

  • Pluriel d’un NOMBRE FRACTIONNAIRE

Un euro et soixante centimes : 1,60 euro ? ou « euros » ?

Non ! Le pluriel commence à 2.

Donc 0,75 euro - 1.99 euro – 2,05 euros.

Un kilomètre et 850 mètres : 1,850 kilomètre.

3,5 quintaux de blé ont été livrés– 1,78 quintal a été consommé 

0,75 euro – 1,75 euro – 2,75 euros. – 1,820 mètre – 2,100 kilomètres  

Une heure et quart – deux heures et demie – huit heures vingt-cinq

Le pluriel commence à 2.

NOM (+ PREPOSITION) + NOM.

NOM + préposition + NOM

Si le premier nom est au pluriel, le second doit-il être au pluriel ?

NON ! Erreur ! C’est un choix de sens !

Il y a des contextes et des situations où le sens impose le singulier au second nom : « des coups de soleil » – d’autres où le sens exige le pluriel : « un groupe de maisons ». – Ecrire « de soleils » – ou « de maison » serait compté comme faute dans une dictée, ou corrigé dans une imprimerie, mais ce serait une erreur de sens, et non une faute de grammaire.

Avec le pluriel pour un tel groupe, le sens peut exiger que le second terme soit au singulier : « des vêtements de travail – des soucis de santé – des livres d’histoire - des mises en scène – des gestes de colère – des travaux d'intérêt général », etc.

Mais le sens peut y motiver le pluriel, même avec un premier nom au singulier : « un livre d’images – ma collection de timbres – une suite d’aventures – une journée d'orages », etc.

Le nombre du nom complément est indépendant du nombre du nom complété.

NOM + NOM

Je souhaiterais savoir si le nom « culte » s'accorde en nombre lorsqu’il est placé en apposition ou composition, ex : livres culte(s). De même pour le nom « phare », etc.

La question concerne, d’une façon très générale, le traitement (en nombre) des noms apposés à un autre nom.

Quand on nous demande si le nom apposé « s’accorde » (expression maladroite !), on entend par là que si le nom qui précède est au pluriel, celui qui lui est apposé doit se mettre également au pluriel.

Orthonet s’efforce de distinguer entre deux cas.

1) Dans des expressions comme : « une ville dortoir, un amour passion, la guerre éclair, un livre clé, un homme grenouille », le nom apposé joue le même rôle sémantique qu’un adjectif : un rôle d’épithète : une ville où on vient pour dormir, un amour qui fait souffrir comme une passion, une guerre rapide comme l’éclair, un livre qui ouvre un espace nouveau, un homme qui se déplace dans l’eau comme la grenouille, etc.

Cela avec ou sans trait d’union (forme), et de façon plus ou moins métaphorique (sens).

2) Dans « le service clients, une alerte incendie, une handicapée moteur, une tenue sport… », le second terme ne qualifie pas le premier, mais le détermine ; il pourrait s’exprimer par une préposition (service pour les clients – alerte à cause d’un incendie – un tenue pour le sport… », etc.) ; il ne peut être relié au premier par le verbe d’identité : « être ».

La question du pluriel

Quand le terme apposé a une fonction d’épithète, il est normal qu’il prenne la marque du pluriel quand l’expression est au pluriel. « des villes-dortoirs, des hommes-grenouilles ».

Mais quand il est déterminant, son nombre ne devrait dépendre que du sens. « Un service-clients – des tenues-sport – des fruits nature – des vitesses limite ».

Le sens, dans ce type d’expression, n’est pas toujours évident. Confusion due surtout à l’abus, dans une langue publicitaire, des noms mis en apposition ; due à l’influence de l’anglais, où la distinction entre les deux catégories lexicales est souvent indécise dans cette fonction d’épithète.

Orthonet a traité plusieurs cas de ce genre, où un nom maladroitement mis en apposition est pris pour un adjectif.

Il faut résister au souhait d’une « règle » pour chaque cas ; laisser à celui qui écrit l’emploi ou non d’un trait d’union, l’ « accord » ou non du second terme avec le premier. Ne pas imposer une règle pour chaque nom déterminant un autre nom !

Un accord exceptionnel : Accord du verbe avec les noms collectifs

Certains noms, par leur sens, évoquent une collectivité d’êtres ou d’objets : ensemble, série, groupe, majorité…, etc.

Quand, employés au singulier, ils sont suivis d’un complément au pluriel : une série d’accidents, un groupe de spectateurs, la majorité des électeurs…, etc., le verbe qui suit, et dont cette expression est le sujet, peut être accordé soit avec le nom collectif, soit avec son complément :

a) « un groupe de spectateurs a protesté », ou :

b) « …ont protesté ».

Le locuteur ou scripteur a le choix entre une « vision globale » du groupe, et une « vision individuelle » des spectateurs.

De même : « Une dizaine d’élèves est arrivée en retard » – suggère qu’ils sont arrivés tous ensemble (même cause de retard : une panne de leur car ?).

« Une dizaine d’élèves sont arrivés en retard » : ils ont pu arriver en plusieurs fois.

C’est un CHOIX DE SENS !

Quelques exemples

Un groupe de manifestants bloquait (ou : bloquaient) la rue.

La moitié des habitants a voté (ou : ont voté) pour lui.

Une majorité des blessés a été soignée (ou : ont été soignés) sur place.

20 % de la région ont souffert (ou : a souffert) des orages.

NOTE : Ne s’applique pas à l’expression : « la plupart de… ».