Le vocabulaire d'aujourd'hui

Néologie et néologismes

Questions et dialogues (instructifs)

Le mot XXX existe-t-il ? (Il n’est pas dans le dico.)

Il n’est pas nécessaire qu’un mot figure dans un dictionnaire pour qu’il « existe » !

Variantes.

Est-il français ?

– ...Où sont les frontières de notre langue ?

Est-il admis ?

– ... Par qui ?

Il existe, puisque VOUS L’AVEZ RENCONTRÉ.

Tous nos mots ont existé et circulé avant d’être capturés, apprivoisés et décrits... par un dictionnaire !

Ou bien... l’avez-vous INVENTÉ ? Voulez-vous le « faire exister » ? … que nous le fassions exister ?

Nombreux dialogues sur des mots ou expressions que les dictionnaires ignorent.

Je m’interroge sur l’orthographe de mots composés avec un préfixe : écrit-on préopérationnel, pré-opérationnel ou pré opérationnel ? Merci

Consultez le TLF à l’article « pré, préfixe. Une nuée de composés dont la plupart ne figurent dans aucun dictionnaire, et n’ont donc pas d’orthographe assurée ou proposée... mais dont on signale quelques apparitions... bref, un « usage », ou une tentative d’usage. À chaque auteur, rédacteur, journaliste, essayiste... d’entrer dans ce jeu et de risquer son néologisme.

À signaler un précieux recueil de « nouveau-nés » (des milliers, souvent... anonymes) : Colette MURCIA, Hubert JOLY – Dictionnaire de mots nouveaux des sciences et des techniques – 1982 2003. CILF, 2004.

Comment écrire « MOBILHOME »

MOBIL HOME, bien que figurant dans nos dictionnaires, reste une locution étrangère (dont les francophones s'efforcent de prononcer l’H anglo-américain, et de ne pas dire « mobile homme »).  La seule tentative de francisation est parfois un timide trait d'union.

Est-ce que le mot « anéchoïque » existe ? Merci de votre réponse.

Le lexique d’une langue vivante n’est pas un « ensemble fini » (il n’existe pas de liste « finie » de ses mots). La question n’a donc aucun sens. On peut prouver qu’« un mot existe », on ne peut pas prouver qu’ « un mot n'existe pas ». Mais avec un peu de réflexion, il est facile de prouver que « anéchoïque » PEUT EXISTER.

Formant négatif « a-/an- » (asymétrique, anormal) + écho + suffixe d’adjectif -ique.

Merci de me dire si le nom suivant : ACTIONNAIRE est masculin, et également féminin. Peut-on dire : « UNE ACTIONNAIRE » ?

Pourquoi inventer des problèmes inutiles ? Le nom « actionnaire », appliqué aux personnes, a les deux genres, et tous les dictionnaires (dont celui de l'Académie française) sont d'accord. Alors... ?

Que veut dire la phrase « avec effet rétroactif a la date du présent acte introductif d'instance »

Ce n’est pas une « phrase ». Mais cette suite de mots ne crée aucun problème de syntaxe, puisqu’elle n’a pas de syntaxe, sinon ses trois prépositions.

Quant au sens, il faut interroger séparément chacun des mots... en consultant votre dictionnaire.

Bonjour Les habitants de notre commune sont les Mauléonais ou Mauléonnais. Les 2 orthographes sont utilisées et nous hésitons sur celle qu’il faut proner. Pourriez-vous svp me donner votre avis sur la question et préciser la règle pour le doublage des consonnes ?

1. Pas de « règle » dans l’orthographe lexicale !

2. Les « ethniques » dérivés de toponymes en -on sont généralement en -onnais (comme la « mayonnaise ») : Avignonnais, Lyonnais, Toulonnais, Mâconnais, Mentonnais, etc. Pour vous singulariser, vous pourriez préférer les Aramonais du Gard, ou les Aragonais... d’Espagne. Un vote ? secret ?...

Merci d’informer Orthonet de la décision mauléon(n)aise.

Dialogues sur les néologismes

Bonjour, Que doit-on penser du verbe « extrémiser » entendu sur la radio de FC ? Je n’ai pas souvenir du mot à mot de la phrase mais il s’agissait « d'extrémiser un raisonnemment ». Je sais bien que la tendance est à l’invention de mots nouveaux, celui-ci aura-t-il un avenir ? Merci.

Bonne question (mais mieux : « que PEUT-on penser... » – une possibilité, pas une « règle » !)

Les composés « nom/adj. + -iser, -isation » sont fréquents (depuis longtemps : prophétiser, mobiliser...etc.) soit bien lexicalisés, soit occasionnels et sans prétention à un avenir (sénioriser, élitiser...), soit utilisables (autonomiser ?). Des créations passagères exigent en général un contexte explicatif ; c’était probablement le cas de votre exemple.

Quant à imaginer le succès et l'avenir de ce nouveau venu, Orthonet préfère s'en abstenir.

Bonjour. J’aurais voulu savoir à partir de quel moment un néologisme n’est plus considéré comme tel mais comme un mot courant du langage ? Merci.

Il n’y a ni date, ni décision pour la naissance d’un néologisme, sauf s’il fait partie d'un texte daté, ou d'une publication datée. Les bons dictionnaires (par exemple, le TLF), quand ils ont connaissance d’une telle datation, la mentionnent. Quant à sa diffusion dans l’usage, elle est nécessairement approximative.

Je n’arrive pas à décider si je dois mettre « information » au singulier ou au pluriel dans les phrases suivantes : « Nous avons trouvé très peu d'information sur ce personnage. », « Peut-être pourrez-vous trouver plus d’information dans la presse new-yorkaise de l’époque ». Pouvez-vous m’aider ? Par avance, je vous remercie.

(Malgré nos Recommandations et nos REFUS... l’éternel pluriel des noms !).

Mais c’est vous seule qui devez savoir si vous espériez (si on espérait) y trouver DE L’INFORMATION... ou DES INFORMATIONS !

Bonjour, Doit-on écrire : « Ses joues deviennent rose et blanc » ou « Ses joues deviennent roses et blanches » ? Je connais l'exemple des « drapeaux bleu, blanc, rouge », mais l’application de cette règle avec un nom féminin me semble peu courante... Quel est l’usage ? Merci !

L'exemple que vous citez (couleurs du drapeau) n'est pas une REGLE, mais un usage des noms ou adjectifs de "couleur(s)". Les « règles » élaborées sur cette collection d’ « usages » sont fort douteuses !

Ecrivez donc tranquillement : « ...roses et blanches ». Vos lecteurs interprèteront.

Dans un texte ancien (XVIIe siècle) j’ai lu l'expression : ON NE PEUT QU’ON N'OFFENSE Est-elle correcte aujourd’hui ? Cela signifie ON NE PEUT QU’OFFENSER ?

Elle est, aujourd’hui (hors contexte) incompréhensible. Et – c’est normal – vous hésitez... Le sens est : « On ne peut « faire cela » – une action que le contexte précédent exprime, et que je ne connais pas – puis ajouter une virgule, sans offenser... » (quelqu’un ? qui ? voir contexte suivant).

Petite question : peut-on dire et surtout écrire : « .... en adéquation avec la demande... » ? J’ai lu sur le site que l’on pouvait dire adéquation entre xxx et yyy, mais cette forme n’est pas transposable à ce que je souhaite écrire ! Merci de votre réponse.

Bonne question ! Le TLF cite des exemples de « adéquation avec... ». Vous pouvez donc l’écrire. Mais le rédacteur de cet article a énuméré les contextes observés, et tenté une analyse de leurs tendances (ou nuances ?) sémantiques : « Adéquation entre dans les schèmes de construction suivants (par ordre de fréquence décroissante) : 1. adéquation entre ... et ... (« entre l’acte mental et l’objet qu’il se propose ») ; 2. – de ... et de ... (« du visé et du donné ») ; 3. – de ... à ... (« de la connaissance à l'objet ») ; 4. – de ... avec ... (« de l'intellect avec l'objet »). Entre les 4 constructions la différence regarde l'image qui sous-tend l'idée d’adéquation : 1, suggère une interférence ; 2, une égalité ; 3, un ajustement ; 4, une coïncidence spatiale. »

Doit-on écrire un service de télévigilance ou de télé vigilance ? Merci pour votre réponse.

Votre dictionnaire vous propose un flot de composés en télé-. Ils sont tous soudés, non ? Alors soudez le vôtre, et vivez en paix !

Francophonie et néologie

Toute langue vivante est un héritage, légué par les générations disparues, mais que leurs successeurs transforment (prudemment ou énergiquement) pour l’adapter à leurs mœurs et à leurs idées.

D’où, à toute époque, des pertes et des gains. Dans le français d’aujourd’hui, un certain nombre d’expressions ont vieilli, sont encore comprises, mais ne font plus partie de l’usage courant ; il suffit de lire des romans comme ceux de Balzac, ou des correspondances de ses contemporains pour en trouver des exemples. Ainsi tout le vocabulaire du vêtement, tant masculin que féminin, ou celui des transports, est renouvelé en grande partie par chaque génération ; rien de plus éloquent que les vieux catalogues ! Nos dictionnaires en conservent une partie, mais chaque édition supprime discrètement quelques fossiles ; une promenade dans le Littré permet dc bonnes trouvailles.

Dialogues

J’aurais voulu savoir à partir de quel moment un néologisme n'est plus considéré comme tel mais comme un mot courant du langage ? Merci.

Il n’y a ni date, ni décision pour la naissance d’un néologisme, sauf s’il fait partie d’un texte daté, ou d’une publication datée. Les bons dictionnaires (par exemple, le TLF), quand ils ont connaissance d'une telle datation, la mentionnent. Quant à sa diffusion dans l’usage, elle est nécessairement approximative.

Aucune période du français n’a été aussi accueillante aux mots nouveaux que celle que nous vivons. Et cela parce que le vocabulaire, le « lexique » reflète toute la réalité « extralinguistique » (néologisme technique, qui figure sans trait d’union dans les dictionnaires de linguistique), où le bouleversement est quotidien. Le rôle croissant des médias (néologisme) en est à la fois le témoin et le moteur. Et contentons-nous de mentionner le mondialisme.

Il faut mentionner une autre raison. L’admission des néologismes par le « bon usage » a longtemps été très surveillée, et ce fut, de la première Académie française (1634) à Littré (1870) le rôle des dictionnaires de scruter, d’un regard méfiant, tout mot nouveau. En hommage à Vaugelas et à ses célèbres Remarques, des linguistes ont récemment créé le mot de « remarqueur » pour tous ceux, professionnels ou amateurs, qui publiaient des jugements sur le bon et le mauvais usage, et dont les avis, souvent méfiants ou hostiles, discutaient les créations douteuses et les emprunts injustifiés. Même en plein Romantisme, les écrivains et leurs lecteurs partageaient cette réserve ; malgré ses déclarations audacieuses, Hugo n’a pas participé à la néologie.

Au 20e siècle, la presse française a connu un âge d’or des « remarqueurs », tant libéraux que routiniers… puis ils ont disparu, et la néologie spontanée, débarrassée de ces arbitres, libérée et presque anarchique, « bat son plein », pour le meilleur et le pire, en dépit des défenseurs de la tradition.

Néologie facile – composés et dérivés

Une forme de néologie qui n’a jamais cessé d’enrichir notre lexique : la composition et la dérivation.

Les bons vieux préfixes et suffixes, surtout d’origine latine, souvent monosyllabiques, sont toujours vivants, et certains sont très actifs : pré-, post-, pro- anti- n’ont jamais chômé, et continuent, plus que jamais, à fournir de nouveaux couples de composés qui s’opposent ; on a créé ainsi, sans effort, postscolaire, ce qui a rendu virtuel un autre dérivé : préscolaire ; tous les pro- et les -iste, générés par la vie politique, font prévoir des anti- symétriques. Les suffixes du « possible » (lavable, jetable, illisible, soluble…) sont d’une telle fécondité que les dictionnaires n‘en traitent que quelques produits.

En rendant les participes présents invariables, le XVIe siècle semblait les condamner à la stérilité. Erreur ! Ils ne cessent d’engendrer des adjectifs verbaux chaque fois qu’il s’agit d’un effet produit par l’action ou l’état : bousculant est aussi spontané que gênant ou troublant. Et moins banal ; pourquoi s’en priver ? Il n’« existait » pas ? Alors créons-le !

Du reste, la limpidité de certains composés ou dérivés rend souvent leur définition superflue. Les académiciens en avaient pris conscience quand ils renoncèrent à inscrire dans la 3e édition de leur dictionnaire (1740) tous les « réduplicatifs » possibles (redonner, reperdre, réélire…), si ces verbes ne signifient rien de plus que la répétition de l’action.

Les formants

Mais une source nouvelle est venue accroitre le flot des dérivés et composés : l’afflux de « formants », longtemps cantonnés dans les vocabulaires des philosophes, des savants, des médecins…

Aujourd’hui vulgarisés, leur contenu sémantique est plus précis que celui des préfixes ou suffixes, et peut se traduire par un verbe phobie (haïr), par un nom ou un adjectif : micro (petit). Beaucoup peuvent se placer avant ou après le mot qu’ils qualifient ou déterminent : anthropologie, mais philanthropie.

Leur sémantique est souple. Ainsi le formant télé, préfixé, a d’abord signifié la distance : télescope (1614), télégraphe (1792), télécommande (1945, Québec), puis se spécialise pour a télévision : télévisuel (1930) ; on observe même des innovations sémantiques populaires (se)télescoper – 1873 ; aujourd'hui, les dictionnaires énumèrent quelque 150 composés en télé-

Autres formants préfixés : mono-, poly-, hyper-, hypo-, hippo-, hydro-… ; formants suffixés : -logie, –manie, -phobie, -algie, -thérapie…

Ces mots d’origine savante (la plupart sont empruntés au grec classique) font désormais partie de l’usage courant et d’une bonne pratique du vocabulaire.

Les dictionnaires récents nous informent du sens de ces « éléments de composition » : dendro- : « arbre » ; - -phobie « haine, crainte excessive » ; -phile « ami de..., qui aime ».

Ils feraient bien, dans l’article « arbre », de mentionner (comme « donnée analogique »), l’élément « dendro-» , et de citer « -phobie » dans l’environnement sémantique de la haine, « -philie, -phile » dans celui de l'amour.

Etes-vous dendrophile ?

Néologie populaire

La dérivation allonge (antitélévision), les formants renchérissent (thalassothérapeutique), mais la sagesse populaire intervient. Deux ou trois syllabes ! Ni plus… ni moins ! Et souvent une bonne finale en –o, comme tous les mots qui, des appeaux aux zéros, peuplent le lexique. Alors le « chemin de fer métropolitain » de M. Fulgence Bienvenüe est aussitôt devenu « le métro ». Le cinématographe des frères Lumière fut vite ramené à la raison, en entrainant dans son déclin un ciné trop maigre (dont ne survivent que les ciné-clubs), et en installant partout le cinéma. Aujourd’hui on consulte une ophtalmo, un dermato, qui vous conseille la thalasso… ; la kinésithérapie est paralysée, et c’est la kiné qui triomphe, pratiquée par un ou une aimable kiné.

Bon équilibre lexical, salutaire sobriété de l’usage ! Que nos dictionnaires suivent !

Les mots composés Soudure, trait d’union, apostrophe, ou juxtaposition ?

« PORTE-MONNAIE » - VERBE + NOM (objet direct).

Ce type de composés (Ne pas confondre avec NOM + NOM : porte-fenêtre) existe depuis les origines de notre lexique, mais il s’en crée de nouveaux sans cesse…

La soudure n’existe que pour quelques composés anciens : portefeuille, portefaix, portemanteau, faitout.

Pour les nouveaux composés : pas de soudure - trait d’union nécessaire.

Marque du pluriel ? (voir ci-dessous).

a) Orthographe Traditionnelle : certains y sont « invariables » : 1) par nature : porte-croix - cache-nez ; 2) pour le sens : sans –s : les lave-linge, des porte-bonheur ; avec –s : un lave-mains, un porte-avions ; d’autres n’ont la marque du pluriel que quand le composé est au pluriel : un couvre-chef, des couvre-chefs.

Si vous voulez respecter cette tradition, souvent imprévisible, consultez un dictionnaire.

b) Orthographe nouvelle : la marque du pluriel est donnée à l’ensemble du composé, donc au second terme : un cure-dent, des cure-dents - un brûle-parfum, des brûle-parfums ; notre porte-parole, nos porte-paroles.

« Alors : trait d’union ? soudure ? pluriel ? »

L’avis d’Orthonet : Quand le sens le permet ou l’exige, obéissons au sens : un porte-avions – mes porte-bonheur - un compte-gouttes – mon porte-clés - nos porte-parole, etc.

Dans le doute..., profitons de l’orth. nouvelle : un brule-parfum, des brule-parfums ; un couvre-lit, des couvre-lits ; des lave-linges., etc.

« MOT-CLÉ » Le groupe NOM + NOM

a) Rare dans le passé, le type mot-clé, loi-cadre... est devenu envahissant. Un nombre croissant de noms, placés en apposition après un autre nom, prennent une fonction d’épithète, jadis réservée aux adjectifs : « une guerre-éclair, des images-choc(s), une ville-lumière, des ventes record, des livres phares… »

(trait d’union irrégulier, mais fréquent).

Le phénomène, favorisé par le langage publicitaire, est double. Au début, un petit nombre de noms apparaissent avec cette fonction adjectivale, sans toutefois prendre une morphologie d’adjectif, donc une variation en nombre (et en genre ?). Mais l’usage se répand d’étendre ce procédé à un nombre illimité de noms, donc à des groupes imprévisibles.

b) un autre type se répand : centre-ville, stage-formation, où le second terme a un rôle non d'épithète, mais de complément du nom auquel il est associé (ellipse d'une préposition).

Quand le second terme joue un rôle d’épithète par rapport au premier, et exprime une qualité de cet objet ou de cette personne, il est normal qu’il le suive dans un emploi au pluriel : « des mots-clés, des visites-éclairs. Mais quand il a une fonction de complément du premier, par ellipse d’une préposition : des chaussures-sport (= de sport), le pluriel n’est pas un « accord », mais un choix de sens.

Au début, un petit nombre de noms apparaissent avec cette fonction adjectivale, sans toutefois prendre une morphologie d’adjectif, donc une variation en genre ; standard, emprunté à l’anglais dès le 19e siècle, a servi bientôt à qualifier un nom : « un format standard », et, au pluriel : « des appareils standards » : considéré d’abord comme nom en apposition, le mot finit par être « employé adjectivement », puis qualifié d’« adjectif », mais, n’ayant pas de forme du féminin, c’est un « adjectif invariable en genre », espèce inconnue des grammairiens de jadis, mais admise dans nos dictionnaires, Académie comprise (aux mots antichar, multimédia….), et ouverte à des audaces néologiques.

c) les noms ou adjectifs de la pluralité.

Les préfixes multi-, pluri-, poly-, qui impliquent la notion de nombre, sont devenus très productifs en composés ; le vocabulaire du commerce et de l’industrie en crée librement ; mais l’usage hésite : noms ou adjectifs ? ou les deux ? traits d’union ou soudure ? variation en nombre ? en genre ?

Seule solution pour les composés nouveaux : s’inspirer de composés récents, admis par des dictionnaires (aucun exemple non soudé).

  • multiculturel, -elle, adj.
  • multiprocesseur, n.masc.
  • multinational, -ale, -aux, adj.
  • multipartisme, n.masc.
  • multiprise, adj.
  • multipropriété, n.fém.
  • multimédia, adj. inv. en genre ; plur.: multimédias
  • pluridisciplinaire adj.
  • pluridisciplinarité n.fém.
  • plurilingue adj.
  • plurilinguisme n.masc.
  • polyculturel, elle adj.
  • polyculture n.fém.

Syntaxe ou rhétorique - Va-t-on simplifier l’orthographe française ?

« Un homme miracle ; une position clé, des prix-choc(s), un livre-phare, ventes record… », etc.

C’était une audace syntaxique, typique de l’après-guerres ; rhétorique plutôt, avec une certaine dose de publicité. Des noms qui font image, qui s’employaient déjà pour qualifier, non sans emphase. L’audace est de les coller au nom, comme une épithète, comme un simple adjectif. La publicité aidant, le procédé s’est vite banalisé et étendu. Et chacun l’utilise à sa façon, non sans demander parfois à Orthonet son avis sur le trait d’union et sur…l’« accord ».

Pour les connaisseurs – idiomatismes, imprudences, fausses routes

Dialogues

Je viens de découvrir votre site et vous adresse mes chaleureuses félicitations. […] Je me permettrai de vous faire une suggestion pour améliorer le contenu de votre site ; pourriez-vous faire une « fiche » sur la manière la plus adéquate d'utiliser les temps ? Je pense en particulier à l'utilisation de l'imparfait du subjonctif.

Merci de votre sympathique message ! Mais votre suggestion ne peut s’appliquer à notre site. Ce n’est pas une fiche qu’il faudrait, mais un long chapitre, où la stylistique tiendrait autant de place que la sémantique des temps verbaux.

Et vous parlez des TEMPS, mais votre exemple concerne plutôt les MODES... Quant à l'imparfait du subjonctif, la plupart de ses formes sont sorties de l’usage, ce qui a pour conséquence que la célèbre « concordance des temps » n’est plus applicable... et n’est plus enseignée. Certains de nos visiteurs s'en réclament encore, et ignorent sa disgrâce.

Je voudrais savoir si l'on dit : « donne-lui-en » ? C’est assez étrange l’absence de liaison. Je sais que beaucoup de personnes rajoute [!]le son /z/ pour dire donne-lui-z'en, mais ce n’est pas correct.

Oui, certains font cette faute. La séquence : « ...lui-en » est pourtant correcte, comme les séquences suivantes : « donne (ou : donnez)-m’en, donne-nous-en, donne-lui-en, donne-leur-en ».

L’hiatus peut choquer, mais il n'est pas plus incorrect que : dans : « donne-lui encore ... » ou : « donne-lui ensuite... ».

La syntaxe des « Mots conjoints » manque dans la plupart des grammaires, même les meilleures.

Le français – il faut de temps en temps le rappeler – est une langue vivante, et bien vivante !

« Qu'en est-il de la situation ? » - Que veut dire « qu’en » dans ce contexte ? peut-il être remplacé pour rendre plus compréhensible la phrase ?

Difficile ! Il s’agit d'un emploi très idiomatique du pronom-adverbe « en », dans un petit nombre d’énoncés (langue littéraire !). Ils comprennent nécessairement un emploi impersonnel du verbe « être » avec son sujet impersonnel « il », et le pronom « en » faisant une référence implicite à une situation connue des locuteurs. Fonctionne beaucoup dans des formes interrogatives, ou assertives, surtout négatives.

Exemple de situation : : Jeanne, Paul, Irène et René se sont présentés à un examen. Les locuteurs le savent, mais seul un d'entre eux connaît des résultats.

Enoncés possibles : « Qu’EN EST-IL de nos candidats ? » - « Jeanne est reçue, et IL EN EST de même d’Irène - IL n’EN EST pas de même de Paul, qui a échoué ». – « EN SERAIT-IL autant de René ? » - Autre situation : Aujourd'hui la météo est bonne. « Mais EN SERA-T-IL de même la semaine prochaine ? - Et qu’EN SERAIT-IL en montagne ? ».

Je voudrais savoir s’il existe une règle pour l’usage ou non des doubles consonnes

NON ! Comme Orthonet ne cesse de le répéter, l’ORTHOGRAPHE LEXICALE N’OBÉIT A AUCUNE RÈGLE.

Chaque mot a son origine, et son orthographe peut dépendre de l’époque où elle a été adoptée. Quant à la recherche de « trucs », au lieu de « règles », elle ne conduit qu’à des erreurs.

Le nom « énergie » est-il un mot composé ? Puisque nous avons aussi « allergie, synergie…» ; mais ni préfixe « én » , ni formant « -ergie ».

Oui, et c’est un cas curieux. L’explication, c’est que le nom énergie n’a pas été formé en français, mais que c’est un emprunt, déjà composé, du latin energia, lui-même emprunt du grec energeia. Dans sa langue de naissance, il est composé du préfixe en-, « dans », du radical de ergon, « œuvre, travail », et du suffixe -eia ; dans le vocabulaire philosophique, il exprime la notion de force (dunamis) dans l’action (ergon) Le composé synergie est, lui aussi, un emprunt au grec. Au contraire allergie est une création moderne, inventée en allemand par un médecin autrichien.

Je voudrais savoir si le mot « abritation » existe. je [ne] l’ai trouvé dans aucun dictionnaire.

Ce serait un dérivé d’abriter, ou de s’abriter. L’action de se mettre à l’abri des intempéries est des plus banales pour les humains, de la préhistoire à notre siècle ; se précipiter, comme les animaux, dans la grotte la plus proche, ou sous un arbre touffu, ou se réfugier dans sa voiture, ou bien prendre une chambre d’hôtel, c’est s’abriter (emploi pronominal), ou même abriter les siens (emploi transitif). Celui ou celle qui a souhaité exprimer par un substantif cette action tutélaire (bel adjectif, notons-le) a créé « abritation » ? Il a bien fait, bien que ce mot ne figure ni dans son dictionnaire, ni dans le vôtre. Car tous nos mots ont circulé avant de figurer dans un dictionnaire, ou même avant qu’il existât des dictionnaires.

Si quelqu’un l’a employé un jour (mais on l’ignore…), abritation « existe », ou mérite d’exister. Si aucun dictionnaire ne l’a accepté, c’est qu’il n'est pas entré dans l'usage. – Les dictionnaires décrivent l’usage, les usages, mais non tous les mots qui pourraient exister ; sans quoi ils auraient accueilli abritement ou abritation.... et des milliers d’autres dérivés et composés... virtuels.

Méfiez-vous des TRUCS !

« Je voudrais connaitre la règle des verbes commençant par ap.. .la plupart prennent 2 p mais il me semble qu’il existe une règle pour ne pas se tromper. Merçi »

Il n’y a pas de « règle » ! Il y a des mots (verbes, noms, adjectifs, adverbes...) qui commencent par APP-, avec une consonne double alors que d'autres s’écrivent APA- (apaiser), APE- (apercevoir, etc.).

Ouvrez votre dictionnaire, et constatez. Seule l’histoire des mots (verbes ou autres) peut expliquer les différences entre consonnes doubles et consonne simple. Aucune « règle » ne peut expliquer ou résumer cette liste.

« Y a-t-il un truc pour connaitre le genre d’un nom en français ? »

Non ! Il y a seulement quelques terminaisons qui sont très fréquentes dans un des genres (on cite souvent les noms en -ette, dont un seul, dit-on, serait masculin : le squelette.

Il y a de très nombreux féminins en -té, dérivés d’adjectifs : beauté (beau), pureté (pur)dureté, extrémité, fermeté, honnêteté, légèreté, netteté... etc.

Il y a un lot de masculins en -ée, qui ont tous leur origine dans la Grèce antique ou la mythologie : lycée, musée, athénée, élysée, apogée, gynécée, trophée... et on peut y joindre un adjectif, également d’origine grecque : athée.

« Existe-t-il quelque part une liste exhaustive des mots qui... ?

Inutile d’aller plus loin ! Une telle question n’a pas de sens.

Le lexique d’une langue vivante n’est pas un ensemble fini ! Orthonet peut citer des exemples des « mots qui… » – mais ne donne jamais de « liste exhaustive », à apprendre par cœur... !

Locutions des uns, jargon des autres

Il y a des locutions qui nous valent de nombreuses questions, soit sur leur sens, soit sur leur orthographe.

On les prononce parfois, on ne les lit pas souvent. Beaucoup conservent des mots ou des tournures d'un passé lointain, et on hésite à les écrire...

Ouvrons cette rubrique avec quelques exemples.

Autant (ou : au temps ?) pour moi !

Monologue de celui ou celle qui s’est trompé(e) ; cela se dit beaucoup, mais ne s’écrit jamais. Mais quelle serait la bonne graphie...?

– En escrime et en maniement d'armes, on enseigne des mouvements en plusieurs « temps ». Et quand un de ces « temps » a été mal exécuté, l'instructeur commande : « au temps ! », pour faire recommencer le mouvement.

– Et « au temps » est devenu courant pour annuler un acte et le recommencer.

Sorti du cadre des armes, l’expression garde ce sens, mais n’est plus analysée : on y voit l’adverbe homophone, « autant », et cette graphie s’est répandue. On peut considérer qu’aujourd'hui elle n’est plus fautive, et que les deux graphies sont acceptables.

Battre son plein

(être à son plus haut niveau)

« La marée bat son plein – La fête battait son plein. – Les jeux battent leur plein. »

NOTE. L’adjectif possessif « son » n'a jamais été un nom (comme des... « curieux » essaient de nous le faire croire)

Autant que faire se peut

Vieille locution impersonnelle, qui intrigue souvent ! Gribouille pensait même l’écrire : «…ce peut » !

Cette locution est une forme ancienne et proverbiale qui équivaut à : « autant que peut se faire, que peut être fait ; dans la mesure du possible ».

D'ores et déjà...

Locution ancienne, qui conserve une des trois formes d’ancien français et de moyen français : or, ore, ores (« à cette heure ») ; emploi oratoire au sens de : « à partir de maintenant », ou équivalent pompeux de : « déjà ».

Pour ce faire

Expression ancienne, où ce est pronom démonstratif, et non adjectif ; équivalent du cela actuel.

Ne pas confondre avec : « pour se faire (comprendre), pour se faire (belle)… », etc.

Ce faisant…

Autre exemple du ce ancien, pronom et non adjectif… : « en faisant cela, en agissant ainsi ».A ne pas interpréter comme : « se faisant (admirer) ».

Une vie de bâton de chaise

« Une vie déréglée ; une vie agitée et inutile. »

L’expression date de l’époque des chaises à porteur. Les « bâtons » sont les brancards tenus par les deux laquais, et les laquais eux-mêmes, qui passent leurs journées à promener leur maître (ou maîtresse) ou à l’attendre pendant ses visites.

À bâtons rompus

Se dit généralement d’une conversation, faite de propos libres, sans ordre, qui passe d’un sujet à un autre.

Entre quat'z'yeux...

Sans témoins, en privé. Ne s’emploie qu’avec la prononciation populaire.

À la queue leuleu

En marchant l’un derrière l’autre

leuleu, déformation de « le leu » (du loup, en ancien français) – Locution synonyme (vieillie) : « en file indienne ».

ça sent le sapin

« cela annonce la mort » (sapin : jadis euphémisme populaire pour « cercueil »). Locution vieillie.

Le jargon des linguistes

La linguistique, comme toute spécialité, engendre un vocabulaire technique, très utile aux spécialistes, mais souvent opaque pour les autres.

Orthonet évite de recourir à ces termes pour initiés. Mais la mention, ici, de quelques-uns peut donner à réfléchir sur la langue et le langage.

Et d’abord synchronie et diachronie. Une étude synchronique concerne un aspect de la langue à un moment précis de son histoire ; par exemple, « le vocabulaire des transports au 16e siècle » ou  « emplois du pronom on en français contemporain ». Mais, à une époque donnée, en synchronie, il y a des variations régionales ; on parle alors de diatopie, et des différences entre les niveaux de langue et l’usage des milieux sociaux : variations diastratiques.

On se demande parfois si un dialecte est une langue, ou si ce n’est qu’un patois ; le linguiste, prudent, abolit ces distinctions sensibles et réunit tout sous le nom d’idiomes. Et tout ce qui est propre à un idiome est dit idiomatique.

Le mot de sémantique est maintenant connu de tous. L’étude scientifique des faits de signification se dit plutôt sémasiologie. Quand, rencontrant un mot inconnu, nous ouvrons un dictionnaire pour lui donner un sens, au signifiant rencontré, nous voudrions donner son signifié ; notre démarche est dite sémasiologique. À l’inverse, je connais un objet, mais je voudrais savoir comment on le nomme ; démarche inverse, qui va du signifié au signifiant ; on fait alors, sans s’en douter, de l’onomasiologie.

Polysémie : le fait, pour un mot, d’avoir plusieurs sens ; le verbe aller est très polysémique. – Le contraire (ou Antonyme) : Monosémie, monosémique.

Les noms propres (anthroponymes, toponymes... ne font pas partie de la nomenclature d’un dictionnaire de langue ; mais les noms de pays (dictionnaire encyclopédique : Autriche, Pologne, Belgique…) engendrent des noms-adjectifs (autrichien, polonais, belge…), avec ou sans suffixes, qu’on nomme ethniques ou gentilés ; on peut ranger aussi sous ces dénominations les dérivés d’autres toponymes (londonien, vosgien, rhodanien…), ou d’anthroponymes (homérique, cornélien, wagnérien, gaullien…).

Questions : « Comment se nomment les habitants de Lyon ? » (question onomasiologique) – Que signifie « Bachamois ? » (question sémasiologique).

Telles sont quelques bribes du jargon des linguistes.  Amusant, non ?