Grammaire et syntaxe

Accord ou choix de sens ?

Nombres fractionnaires, noms collectifs, accord du participe passe

Un peu grammaire élémentaire

Les adjectifs s’accordent (en genre et en nombre) avec un nom, un pronom, une forme nominale d’un verbe...

Dialogues

« Avec lequel, s’il y en a plusieurs dans ma phrase...? »

Là, c’est un CHOIX DE SENS ! Orthonet ne peut pas le faire à votre place !

Les formes verbales s’ACCORDENT (en personne) avec leur sujet...

Et le temps, le mode... ? »

– ça, c’est ou de la syntaxe, ou un CHOIX DE SENS !

« Et les NOMS ? Avec quoi s’accordent-ils ? »

– Avec rien !

Les noms ne s’accordent pas !

Chaque nom a un genre ; il est ou masculin, ou féminin ; c’est un « fait de langue », héritage de l’histoire : vous n’y pouvez rien !

Mais vous devez l’employer soit au singulier, soit au pluriel ; c’est un « fait de discours » : il faut choisir ! et c’est un CHOIX DE SENS.

Je n’arrive pas à décider si je dois mettre « information » au singulier ou au pluriel dans les phrases suivantes : « Nous avons trouvé très peu d’information sur ce personnage. », «  Peut-être pourrez-vous trouver plus d’information dans la presse new-yorkaise de l’époque ». Pouvez-vous m’aider ? Par avance, je vous remercie.

Mais c’est vous seule qui devez savoir si vous espériez (si on espérait) y trouver DE L'INFORMATION... ou DES INFORMATIONS !

Bonjour, Pourquoi dans la phrase « La nuit du chocolat, vous en rêviez, la Maison du Chocolat l’a fait », « fait » ne s'accorde-t-il pas ? Merci

Avec quel mot du texte pourrait-on l’accorder ?

Notre question est sérieuse ! Elle fait partie du raisonnement grammatical.

Merci !

Vous n’avez pas répondu....

La réponse aurait été « nuit », tout en sachant que ce n’est pas le cas, mais sans pouvoir l’expliquer de façon grammaticale.

Bon, si vous écrivez : « l’a faite », vous accordez avec le pronom « la », élidé en « l’ », donc avec son antécédent : « la fête ».

Et cela a un sens. Sans cet accord, pas de sens.

Un accord, c’est toujours la mise en rapport d’un mot du texte (« receveur d’accord ») avec un autre mot (le « donneur d’accord »)

Et la phrase a un SENS.

Des notions simples, une démarche simple : interroger le participe suspect : « Qui est… ? »

– Cette méthode suffit. Dans une grande majorité des cas à isoler le terme « donneur d’accord », le mot avec lequel le participe peut s’accorder… Si ce mot le précède.

Malgré mainte relecture de la règle, nous ne sommes pas d’accord sur la terminaison du participe passé dans la phrase suivante :

« Les équipes se sont donc attaché(es) à définir ce qu’était... » Pouvez-vous nous aider ? merci

Fausse route ! Votre doute ne porte pas sur la « règle » (question de grammaire), mais sur le verbe pronominal « s’attacher ».

(question de lexique). Savoir si dans « je m’attache », on attache « MOI » ou on attache « à moi ».

« Les collaborateurs qu'elle s’est attachés » (SE = à soi) – « Les tâches auxquelles elle s’était attachée ». (SE = soi)

Question de SENS, pas seulement de REGLE !

Bonjour ! Dans mon grand âge, j’ai l’impression de ne plus comprendre l’accord du participe passé : « Quelle joie cela lui avait fait ! (V. Woolf). Pourquoi est-il correct de ne pas accorder ? Merci de me tirer de la confusion mentale. L’explication théorique m’échappe...

Il faut accorder ! Donc : « ...lui avait faite ».

Si vous hésitez, c’est parce que le verbe « faire » n'est pas un verbe comme les autres.

Dans des contextes comme « ...lui a fait... «  ou « ...l’avait fait... », souvent il n’a pas son sens plein de « créer, fabriquer, causer « , mais il sert à introduire un nom (« ...lui avait fait peur... lui avait fait plaisir »), ou un infinitif (« ...l’avait fait rire,… lui avait fait comprendre... »), etc. Et dans ces emplois de semi-auxiliaire, le participe ne peut pas, ne doit pas s’accorder.

C'est le souvenir de ces contextes qui vous fait évoquer un participe rebelle à l'accord.

Mais dans : « la joie que cela lui avait faite », le verbe « faire » est dans son rôle fondamental : « créer, causer... », et son participe doit s’accorder.

Quelle est la règle précise qui s’applique à l’accord du participe passé de verbes pronominaux tels que « se régaler » par exemple ? Est-il correct d’écrire :

Nous avons mangé de bonnes fraises, nous nous sommes régalés.

Nous nous sommes régalé de bonnes fraises.

Y a-t-il des règles imprécises ? Ne s’agit-il pas de sens, plutôt que de « règles » ?

« régaler » est un verbe transitif. On peut régaler qqn, et on peut se régaler soi-même. Donc le pronom réfléchi est un COD, si c’est du langage grammatical que vous souhaitez. Donc, vous aviez bon appétit, les fraises étaient savoureuses, vous vous êtes bien « régalés ».

Faut-il écrire : « la région s’est vue attribuer des crédits » ou : «… s’est vu attribuer des crédits » ? Merci !

« s’est vu » si c’est à elle qu’on les a attribués (SE = à soi)

« s’est vue » si c’est elle qui les a attribués (SE = soi)

Question fréquente, difficulté réelle ; elle mérite réflexion.

Quel accord du participe passé dans ce cas : certains se sont accaparé(s) le projet... Accordé ou pas accordé avec le sujet ? Je ne me souviens plus de la règle grammaticale... J’ai un doute. Transitif, intransitif ... Merci de votre réponse. (rappel de la règle...) .

Oubliez les « règles » et pensez au SENS !

Est-ce que SE signifie SOI ? ou A SOI ? – Et puis votre dico vous dirait que l’usage est : « accaparer qqch » plutôt que « s’accaparer qqch ». Il ne cite cet « emploi pronominal » du verbe en question que comme « régionalisme » (Belgique). Le TLF, généreux et libéral en syntaxe, ignore simplement cet emploi.

Au lieu de jongler avec vos impressions ou des souvenirs (fugaces), apprenez à vous renseigner, et à consulter la documentation, comme nous venons de le faire pour vous répondre.

Bonjour, Pouvez-vous me confirmer l’accord du participe suivant : « ...l’ensemble des problèmes que nous avons rencontrés. » Le COD étant avant le verbe on accorde le participe avec le COD, en revanche faut-il l'accorder avec « l’ensemble » ou avec « les problèmes ». Merci pour votre réponse rapide.

Réponse : entre ces deux accords, tous deux corrects, il ne s’agit pas d'une contrainte (syntaxe), mais d’un CHOIX (sémantique). Vous pouvez (vous « devez » même) choisir entre :

a) accord avec le NOM COLLECTIF « ensemble (de) » et écrire : « rencontré »

b) et le COMPLEMENT de ce nom : « problèmes », et écrire : « rencontrés. ».

donc opter entre une rencontre globale et des rencontres multiples.

Mais personne ne peut choisir à votre place.

Question sur l’accord des participes passés avec avoir dans la phrase suivante :

Je suis une femme, alors tous ces moments intenses m’ont ravi(e) et m’ont réchauffé le cœur « ravi ou ravie ? – réchauffé ? Merci de votre réponse.

REPONSE. « ravie – parce que dans cette phrase « ME signifie ‘moi’ - Qui est (ravi) ? – MOI

« réchauffé », parce que dans cette phrase ME signifie « à moi ». – Qui est (réchauffé) ? – pas MOI, le cœur !

Appliquez cette méthode simple. Sinon vous ne saurez jamais accorder (ou ne pas accorder) un participe de verbe pronominal.

Dans une seule journée, dans un lot de vos questions, quatre exprimaient une même inquiétude, et demandaient une même aide pour un banal accord de participe passé :

« des questions que se sont (poser) les auteurs de ces romans.... » ;

« je le remercie pour la confiance qu'il m'a [donner] »

« Merci de nous avoir (accompagner) dans notre démarche » ;

« ...nous remercions Monsieur X et tous ses collaborateurs de s’être (intéresser) au destin des élèves »

Dans des cas de ce type, UN CONSEIL : Avant de chercher : « Quelle est la règle ? » – posez la question « qui est... ? » ; traitez d'abord ce participe comme un banal adjectif !

Qui est (poser) ? – Pas les auteurs ! les questions ! Donc : posées.

Qui est (donner) ? – Pas lui ! La confiance ! Donc : donnée.

Qui est (accompagner) ? – Nous ! – Donc : accompagnés ou peut-être -ées ?

Qui est (intéresser) ? – M. X et ses collaborateurs. – Donc : intéressés.

L’un des inquiets ajoutait : « Merci d'avance, la langue française est bien compliquée et votre site nous sert bien souvent ».

Oui, beaucoup trop souvent ! On vous « dépanne » en accordant ces participes à votre place.

Mais le vrai rôle d’Orthonet est de convaincre ces inquiets, ces timides, qu’un recours au SENS évite les tâtonnements, la chasse aux "règles" fantômes, et l'errance dans l'abstrait.

Commencez toujours par le SENS : interpelez le participe : « qui est... ? »

Il doit vous répondre !

Les verbes pronominaux

L’emploi pronominal : le verbe est précédé ou suivi d’un pronom (objet direct ou objet indirect) qui représente le sujet ; aux temps composés, l’auxiliaire est « être » ; à la 3e personne, le pronom est à la forme réfléchie se.

Exemples :  Attention aux fonctions !

a) « Je me promenais » - « Ils se sont baignés ce matin »

Le pronom est objet direct : me = moi – se = soi.

DONC ACCORD DU Participe passé AVEC LE SUJET.

b) « Tu t’es acheté des skis ? » « Nous nous sommes téléphoné hier » « ElIes s’étaient promis de se revoir ». – « Ils ne se sont pas rendu compte ».

Ces pronoms sont objets indirects : te = à toi, pour toi – nous = à nous – se = à soi.

DONC PAS D’ACCORD AVEC LE SUJET !

Dialogues

Quelle est la bonne orthographe ? Elles se sont rendu compte que... ?

Le complément d’objet de « rendre » n’est pas ELLES, mais le nom COMPTE. – SE signifie : « à soi ». Donc elles ne se sont pas « rendues ».

Dans une phrase comme : L’équipe s’est mérité une participation aux prochains jeux panaméricains. Question : s’est mérité ? méritée ?? Dans ce cas-ci, j’ai du mal à déterminer si le « se » = SOI ou POUR SOI.... y a-t-il un autre truc....Y a-t-il une liste de verbes avec lesquels le « se » signifie toujours POUR SOI ou SOI... Merci

Ne cherchez ni truc, ni liste.... Il s’agit du sens, et seulement du sens ! Qu’est-ce qui est « mérité » ? L'équipe ? ou la participation ? Si vous répondez : « l’équipe », alors SE = SOI Si... etc.

Le seul truc

Commencez toujours par questionner le participe passé comme s’il était un vulgaire adjectif. Et on oblige ainsi le pronom réfléchi à avouer sa vraie fonction : « SOI ? ou À SOI ? – MOI ? ou À MOI... » et on ne peut plus se tromper sur le « donneur » de l’accord.

Elle s’est vu(e) offrir des fleurs… ?

La Banque s’est vu(e?) attribuer, pour la période 2005-2007, un excédent de droits d'émission de CO2. VU avec ou sans E

En fonction du SENS, choisissez !

« ...s’est vue attribuer... » SE = « soi » c'est elle qui a attribué cet excédent..(à qui ???). infinitif de sens actif.

« ...s’est vu attribuer... » SE = « à soi ». C'est à elle qu’a été attribué cet excédent. infinitif de sens passif (être attribué).

Terminologie

« le train s’est arrêté ».

Le pronom SE représente le sujet : « le train ».

« je ne m’arrêterai pas »

Le pronom ME représente le sujet : « je ».

Le verbe « s’arrêter » est un emploi pronominal du verbe transitif « arrêter ».

Jean se baigne – Jeanne se coiffe – le train s’arrête.

Le sujet fait l’action sur lui-même.

 Ce sont des emplois pronominaux réfléchis.

Pierre a rencontré Paul ; Paul a rencontré Pierre. Ils se sont rencontrés.

Un sujet ne peut « se rencontrer », mais les membres d’une pluralité (deux ou plus) peuvent « se rencontrer »... l'un l'autre ».

C’est un emploi pronominal réciproque.

Un produit qui « se vend » et « s’exporte » bien.

C’est un emploi pronominal de sens passif.

Il y a des verbes qui ont toujours la forme pronominale ; ainsi « enfuir » n’existe que sous la forme « s’enfuir » ; dans un dictionnaire, il s’inscrit cependant sous E : « enfuir (s’) ».

Ces verbes sont essentiellement pronominaux.

Dans ces emplois, le pronom réfléchi est objet direct, et le participe passé s’accorde avec le sujet.

Il y a enfin des verbes transitifs qui, en forme pronominale, expriment un sens propre. Quand on parle d’une collectivité dont les membres se sont battus, il s’agit en général de l’emploi réciproque : chacun s’est battu (a combattu) contre d’autres membres de cette collectivité. Mais quand on dit d’un guerrier qu’il s’est vaillamment battu, le pronominal « se battre » prend un sens propre qui n’est ni réfléchi, ni réciproque, ni passif. Dans une énumération des sens du verbe « battre », il faut donc une mention : « Pron. : être un combattant, participer à un combat, à une guerre ».

Pour d’autres emplois, comme « s’offrir (des cadeaux) », le sens indique que la réciprocité est « indirecte » ; donc le pronom est objet indirect.

Le sens seul permet de distinguer entre « s’adresser » réfléchi (« Ils se sont adressés à la police ») ou réciproque indirect (« Ils se sont adressé des menaces »).

Ce sont des faits de lexique, que seul peut traiter le dictionnaire.

Accord avec « on »

Un conseil, un bref rappel…

« On est allé(s)… ? » Cet accord est-il admis ?

Notre réponse : Voici quelques exemples de notre lexique

ON (pronom indéfini)

ACCORDS. Le verbe qui suit « on » est toujours à la 3e pers.du sing.

* en Irlande, on parle anglais.

Accord de l’adjectif ou du participe qui se rapporte à « on » :

a) si « on » signifie « les gens » : masc. sing.

* on est toujours content de partir en vacances.

b) si « on » ne concerne que les femmes : accord au fém.

* on est toujours fière d’être admirée par son mari.

c) si « on » concerne la ou les personne(s) à qui on s’adresse, accord en genre et en nombre :

* alors, Jean, on est content d’avoir gagné ?

* alors, Jeanne, on est fâchée ?(=tu)

* alors, les gars, on est satisfaits ?

* alors, les filles, on est prêtes ?

2) ON signifie NOUS (inclut celui qui parle).

a) l’adjectif ou le participe est au pluriel, éventuellement au fém.

* on s’est tous levés de bonne heure

* on était venues avec nos maris, mais on est reparties seules

b) ON dans une phrase négative : ne pas omettre le n’ (= ne) là où il est inaudible (remplacer mentalement on par « nous » pour éviter cet oubli)

* on n’y voit rien (mais : on y voit clair)

* on n’en a plus (mais : on en a encore)

* on n’ira pas loin (mais : on ira loin)

3) ON, dans des composés

a) on-dit, n.masc. INVAR. (trait d’union !)

* je n’accorde pas d’importance à tous ces on-dit (= ces ragots)

b) qu’en-dira-t-on, n.masc. INVAR.

* elle se moque du qu’en-dira-t-on

L’ON = on (usage soigné ; évite un hiatus)

* si l’on en croit le gouvernement...

Remarque :  le « l’ » est facultatif, mais utile s’il y a risque de cacophonie ou d’ambigüité

* que l’on considère (éviter : qu'on con...)

* dès que l’on me donne de l’argent... (« dès qu’on ») peut être mal compris

Remarque : éviter « l’ » si le mot qui suit commence par L

* si on longe (éviter : si l’on longe) la rive

* on croit plus volontiers une nouvelle lorsqu’on l’a lue (éviter : lorsque l’on l’a lue)

noir sur blanc

* laisse ce banc où on l’a mis (éviter : l’on l’a)

La coexistence de ces deux « on » est un des faits les plus curieux dans l’histoire de nos pronoms.

Il y a un « on » indéfini, emprunté aux langues germaniques dès le plus ancien français ; sous la forme l'hom, c'est une traduction du francique man. Il est toujours sujet (impersonnel) d’un verbe au singulier, peut avoir un attribut, masculin ou féminin, généralement singulier ; il n’inclut pas celui qui parle. Il traverse toute l’histoire de la langue sans dévier de ces caractéristiques.

On note qu’il n’a d’équivalent ni dans les autres langues romanes, ni en anglais, mais seulement en allemand et les langues apparentées.

En français moderne (début du 20e siècle) s’est répandu dans l’usage populaire un nouvel emploi de « on », synonyme du « nous » conjoint ; sujet d’un verbe au singulier, dont l’attribut est au pluriel, masculin ou féminin. D’abord considéré comme fautif et vulgaire, combattu par tous les défenseurs du bon usage, surtout dans son emploi le plus choquant, reprenant la forme disjointe : « Nous, on... », il s'est répandu rapidement dans l’usage familier, à l’oral surtout.

Bien qu’aucun tableau de conjugaison n’ait osé ajouter à nous sommes un « on est », ni un « on a compris » au classique « nous avons compris », il suffit d’écouter la radio et la télé pour constater que, dans la fonction de sujet conjoint, ce faux indéfini a presque supplanté le nous conjoint dans l'usage parlé.

UN BREF RAPPEL.

Les participes passés « fait » et « laissé », employés comme semi-auxiliaires (suivis d’un infinitif), peuvent être invariables (décision récente).

« Elle s’est fait remplacer par une amie » – « Elles se sont laissé convaincre. »